Le monde universitaire est un univers compétitif où des comportements toxiques peuvent apparaître. Bien que la plupart des chercheurs suivent un code de déontologie, une gestion préjudiciable peut se produire et les jeunes chercheurs sont généralement les premiers à en faire les frais.
Gardons à l’esprit que toute atmosphère toxique dans le processus de recherche n’affecte pas seulement le bien-être des scientifiques, mais nuit également au progrès scientifique global.
Panique au laboratoire ! Quelles en sont les causes ?
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à créer une atmosphère toxique dans le monde universitaire. Parmi les causes les plus courantes, on trouve la pression à la publication. La pression exercée sur les chercheurs pour qu’ils publient leurs travaux de recherche afin de faire progresser leur carrière dans le monde universitaire est souvent très forte. Cette culture du « publier ou périr » peut conduire à un environnement compétitif et impitoyable, dans lequel les chercheurs peuvent être plus concentrés sur la publication de leurs travaux que sur la collaboration ou le soutien mutuel.
En outre, le monde universitaire peut être hiérarchisé, les membres de la faculté ayant plus de pouvoir et d’influence que les jeunes professeurs ou les étudiants diplômés. Cette dynamique de pouvoir peut parfois faire l’objet d’abus, conduisant au harcèlement, à la discrimination ou à d’autres formes de mauvais traitements. Lorsque les chercheurs débutants se rendent compte que leur relation avec leur professeur principal – la personne qui contrôle le plus leur carrière – ne fonctionne pas, leurs perspectives de carrière s’assombrissent. Cela est d’autant plus vrai que les doctorants n’ont pas toujours l’expérience interpersonnelle nécessaire pour gérer des relations difficiles et qu’ils ne sont souvent pas préparés à la hiérarchie rigide du monde universitaire.
Bien que le mentorat se soit développé, le milieu universitaire peut être isolant, les chercheurs travaillant souvent de longues heures seuls ou en petits groupes. Cela peut conduire à des sentiments de solitude, de stress et d’épuisement, en particulier si les individus n’ont pas accès à des systèmes de soutien adéquats.
Malheureusement, le monde universitaire n’est pas à l’abri des préjugés ou de la discrimination fondés sur des facteurs tels que le sexe, la race, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle. Cela peut créer un environnement toxique dans lequel les individus se sentent exclus ou pris pour cible en raison de leur identité.
Enfin, de nombreux chercheurs universitaires dépendent d’un financement externe pour soutenir leurs travaux, et l’obtention d’un financement peut être un processus compétitif et stressant. Cette pression peut parfois conduire les chercheurs à prendre des raccourcis ou à adopter des comportements contraires à l’éthique afin d’obtenir un financement ou de produire des résultats rapidement.
Dans l’ensemble, une atmosphère toxique dans le monde universitaire peut être causée par un ensemble complexe de facteurs, et la résolution de ces problèmes nécessite un effort concerté à tous les niveaux de la hiérarchie universitaire.
La culture de la recherche comme antidote
La culture de la recherche est un antidote de choix pour prévenir ou traiter la gestion toxique dans le monde universitaire. Certaines stratégies potentielles consistent à établir des attentes claires en matière de comportement et de communication au sein du laboratoire. Il peut s’agir de créer un code de conduite pour le laboratoire, de définir les attentes en matière de collecte et d’analyse des données et de définir des protocoles de résolution des conflits. À cet égard, l’Université du Luxembourg et les trois instituts luxembourgeois, à savoir l’Institut luxembourgeois des sciences et technologies, l’Institut luxembourgeois de la santé et l’Institut luxembourgeois de recherche socio-économique, suivent les lignes directrices du Code de conduite européen pour l’intégrité de la recherche, dont la nouvelle version rédigée par la Fédération européenne des académies des sciences et des humanités (ALLEA) et revue par Science Europe doit être publiée au second semestre 2023, ainsi que celles de la Ligue des universités européennes de recherche.
Un autre élément important réside dans le mentorat et le soutien. Les chercheurs débutants peuvent bénéficier d’un mentor ou d’un réseau de soutien au sein du laboratoire. Cela peut les aider à naviguer dans la dynamique complexe du monde universitaire et leur fournir des conseils et du soutien. Le Fonds national de la recherche du Luxembourg (FNR) reconnaît l’importance du mentorat dans la recherche et a développé plusieurs initiatives pour soutenir les chercheurs à tous les stades de leur carrière. L’une d’entre elles consiste à récompenser un mentor exceptionnel. Avec ce prix, le FNR reconnaît l’excellence du mentorat et honore cet élément important, mais parfois sous-estimé, de la recherche. En offrant des conseils, un soutien et des possibilités de mise en réseau, le FNR contribue à créer un environnement de recherche favorable et stimulant au Luxembourg.
Un autre élément consiste à traiter les conflits rapidement et équitablement. Cela peut impliquer la médiation des conflits, la recherche d’un soutien ou d’un conseil extérieur, ou la prise de mesures disciplinaires si nécessaire. À cet égard, le bureau du médiateur de l’Université du Luxembourg est un lieu de soutien confidentiel, impartial, indépendant et accessible à la communauté universitaire. Le médiateur propose un coaching en gestion des conflits, la diplomatie de la navette, la médiation, des cercles réparateurs et des conférences pour atténuer les conflits sur le lieu de travail. Il propose également des présentations et des ateliers sur la communication saine et l’atténuation des conflits, mène des enquêtes informelles et formule des recommandations politiques non contraignantes à tous les niveaux de l’administration de l’université afin de combler les lacunes et les inégalités potentielles.
Enfin, les doctorants luxembourgeois peuvent bénéficier d’une formation sur des sujets tels que la résolution des conflits, les compétences en matière de communication et les pratiques de recherche éthiques par l’intermédiaire du Bureau des études doctorales de l’Université du Luxembourg. En fin de compte, la prévention de la gestion toxique dans un laboratoire de recherche exige un effort concerté de la part de tous les membres du laboratoire. En créant une culture de respect, de communication ouverte et de soutien, les groupes de recherche et les laboratoires peuvent s’assurer que tous les membres sont en mesure de s’épanouir et de contribuer à leur plein épanouissement.